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Paris-Pékin-Nanchang - Pour joindre Eric

16 juillet 2000 - Cieszyn

Il a plu toute la nuit et le matin c'est encore et toujours la même chose. Plus il pleut, plus nous dormons, c'était le contrat fixé la veille.

Le mauvais temps a gagné, il fait du non-stop depuis des heures, nous nous lèverons vers les 13 heures voir plus tard encore. C'est donc une journée de repos aujourd'hui, cela tombe bien c'est dimanche. Nous en profitons pour écrire un peu à plein de monde et nous reposer. Nous ne sortons pas de la chambre avant le soir et épuisons nos dernieres vivres. Le linge, les chaussures et les vêtements contre la pluie sèchent tant bien que mal (en fait pas trop bien). Il pleut toujours avec plus ou moins d'intensité, cela ne donne guère l'envie d'aller réparer les Solex, surtout lorsque l'on ne connaît pas la panne et l'issue de l'intervention.

Nous en profitons aussi pour faire quelques photos de la fenêtre et de l'intérieur, c'est une belle démarche touristique, qui je l'espère sera plus riche par la suite. C'est un peu la journée déprime de relaxation mais ne vous inquiétez pas on garde le moral pour la suite du voyage. De toute façon il va faire beau demain, c'est obligé sinon on se met en grève, et en plus il ne va bientôt ne plus y avoir d'eau dans le ciel.Même le GPS avec ce temps ne fonctionne plus.

Nous sortons dîner en ville de superbes hot-dog et un peu de coca. Nous poussons la route jusqu'à une église fort bien éclairée (c'est dimanche), merci seigneur. Il n'y a pas trop de polonais dans les rues, c'est normal il pleut toujours, mais nous en avons trouvé dans un rad pas trop miteux autour d'une petite bière. Discussion limitée (Francouski=foot), mais sympathique et accueillante. Nous en profitons pour apprendre que " Santé " se dit comme en Tchèque : " Nasdravi ". Au lit, demain on se lève tôt coûte que coûte, si ca se trouve, il fait beau un peu plus loin, encore faut-il y arriver…

 


 

Dimanche 16 juillet. Bilan de la semaine, par Matthieu:

A l'heure ou je vous parle, on est dimanche, il est six heures de l'après-midi et nous ne sommes pas encore sortis de la chambre d'hôtel investie la veille au soir... Sans trop y réfléchir, face à la fatigue et au besoin de ressourcement, nous sommes retournés au bon vieux concept du repos dominical. D'ici une heure, qu'il se soit arrêté de pleuvoir ou non (il pleut déjà moins que ce matin!!), nous allons devoir regarder de plus prêt les solex (mais on repousse de peur de ne rien arriver à réparer) : Le mien tout d'abord avec ses problèmes de démarrage et ses ralentissements (il est impossible de continuer en l'état) puis celui de Bidi, qui n'a plus de frein!!

Nous avons profité de cette journée pour dormir longtemps et bien au chaud (et ainsi anéantir un début de bronchite). Nous avons aussi lavé notre linge, écrit des lettres, créer et accrocher des drapeaux des différents pays traversés... afin de décorer le solex. Ce dimanche est le moment idéal pour nous rappeler la semaine écoulée : Mardi, sans trop d'histoires : Premier jour pour moi... Les ennuis mécaniques sont limités, nous empruntons de grands axes routiers, la pluie est plutôt fine... Mercredi, en fin de journée, premier rayon de soleil depuis mon arrivé en Tchéquie... C'est comme une annonce de la rencontre chaleureuse avec Standa et sa famille. Jeudi, seul jour de beau temps... et seul jour ou nous partons après le repas!!... histoire de rester encore un peu avec la famille de Standa qui nous offre du Goulasch (plat traditionnel Tchèque), ... Parti tard, nous ne parcourons que 50 kms... Néanmoins il est à noter que lors d'une arrivée en descente dans un village nous grillons une limitation de vitesse (nous passons à 42kms/h pour une limitation à 40km/h) et que dans la foulée, nous enregistrons une pointe à 50km/h. Vers 18h, nous interprétons comme un signe divin une crevaison à 2 pas d'un camping et nous y passons la nuit. Nuit un peu courte, du fait de notre rencontre avec Martina et Lenca deux sympathiques étudiantes Tchèques qui ne se souciaient guère de notre objectif de 120kms par jour... Vendredi, ce qui est indiqué comme plaine sur la carte... nous donne finalement la plus dure étape de montagne.

Les organismes mécaniques et humains (qui auraient dut plus se reposer la veille) aurons beaucoup souffert... Autant de temps à réparer qu'à rouler... Autant d'énergie à se motiver qu'à pédaler... Nous finissons trempés et de nuit dans un hôtel qui a dut connaître son heure de gloire dans les 70ies et dont il ne reste que des vestiges de décorations et humaines... Samedi, ca devient traditionnel..., nous commençons la journée par 1 heure de réparation. Il y en aura beaucoup d'autres... Nous finissons par atteindre la Pologne en fin de journée..

Nous nous disons que c'est déjà ça... mon solex est atteint de ralentissements chroniques et de démarrage impossible sur terrain plat.. C'est ainsi qu'à peine la frontière polonaise franchie, j'ai du tracter l'engin à pied sur plus d'un km afin de trouver une cote descendante pour démarrer...Et ensuite gare à ne pas caler!! (Notons que si je ne dois pas caler, Bidi, lui, doit impérativement ne pas aller vites à cause de ses freins qui ne marchent plus!!) Les solex ont beaucoup de problèmes et nous sommes fatigués. Il pleut... dimanche sera de fait une journée de repos! Depuis jeudi, je n'ai pas participé à l'élaboration des comptes-rendus des journées fait par Eric. Il faut dire que le soir, à peine allongé, je m'endors.... d'épuisement!! C'est un mot qui résume bien la fin de la semaine... Les intempéries, les réparations intempestives et toujours incertaines, les soirées de rencontres avec les Tchèques... Rendent l'épopée physiquement et nerveusement difficile... Le plus dur, c'est le doute permanent sur le matériel... C'est de passer 3 heures par jour à réparer ces solex tout en n'étant jamais sur que ce ne soit pas pour rien... Dernièrement mon Solex faisait sans raison des soubresauts et s'arrêtait... Ca peut arriver à n'importe quel moment, par exemple lorsque je rassemble mon énergie à la tombée de la nuit, pour un ultime effort de pédalage sous la pluie (histoire de rattraper un peu le temps perdu à réparer). Même si c'est dur parfois, je dois quand même dire que traverser la campagne tchèque par un petit 30 à l'heure, c'est bien sympa...

Je sais que ca va vous paraître incroyable mais le bruit du solex attirent las animaux : Nous avons eu le plaisir de voir des cigognes, des biches, des rapaces, ... Les chiens hurlent de joie sur notre passage, et certains animaux comme les hérissons ou les lièvres n'hésitent pas à se faire écraser sur notre route pour être sur de ne pas louper notre passage!! Les humains eux aussi sont intéressés par nos engins... Ce qui nous fait toujours très plaisir. Cela peut aussi nous être utile comme à la frontière polonaise ou l'aspect peu banal de nos embarcations nous a permis d'éviter de faire une bonne heure de queue! Avec la fatigue et la pluie, sous ma capuche qui ne protège plus grand chose, mes réflexions deviennent des délires : C'est ainsi que je créais des nouvelles versions de chansons que je hurle intérieurement pour me motiver J'ai ainsi parodié une vielle chanson d'Hubert Félix Thiefaine : "Solex!!..N'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé!?!!" Très utile pour accepter le coté maso du pédalage en cote à 10% sous la pluie. Lors des descentes (au moment ou je sent que le dernier endroit sec de mon tee-shirt vient de succomber à une goutte de sueur malicieusement tombée de mes lunettes jusque dans l'interstice entre le manteau et le cou) me vient plutôt en tête une version de la version Sea solex and sun :" Pluuuiiieee; Solex and Sueurrr... La Tchéquie sous la flotte, et moi, sur ma fiotte....!!! )... !!

Beaucoup de chansons modifiées ou non, traversent ainsi ma tête pour m'accompagner tout au long des route... C'est ainsi qu'hier j'ai fini la journée sur Daniel Balavoine " Mon fils m'a bataille...". je ne vois pas trop pourquoi d'ailleurs, si ce n'est que la première phrase de la chanson est " Ca fait longtemps qu'on est parti, maintenant...Je t'écoute démonter les visses en pleurant... Si j'avais su..." etc... A part les chansons, il y a aussi les souvenirs bons et mauvais et qui reviennent en tête et l'on réalise des trucs, que seul quatre heures de solex permettent de réaliser : Par exemple une vieille blague m'es revenue en tête. Une blague qui pour moi était le modèle même de la blague absurde mais qui en fait, je le comprends maintenant, est l'expression d'une philosophie : il s'agit de la blague connue dans ma famille (que j'embrasse au passage) comme blague dite "du cheval" : " C'est un cheval. Il rentre dans une boulangerie et ... Il demande un pain!! La boulangère lui dit : "je suis désolé, il n'y a plus que des baguettes!! Ce à quoi le cheval répond : "C'est pas grave, j'suis en solex!". Ben oui après tout : "C'est pas grave, j'suis en solex!".

Matthieu, Depuis la Pologne.

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